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©Benoît Guillaume

Après quelques années de recherche, le piano de Sophie Agnel s’est stabilisé sur un fil d’une infinie fragilité. Pour preuve, elle passe la plupart de ses concerts debout, penchée en équilibriste sur les entrailles de son instrument, lui triturant les cordes pour qu’il crache jusqu’à la dernière goutte de son. Ce corps à corps, elle en maîtrise les moindres recoins et le transfigure en un art intransigeant et subtil. Et puis parfois, au milieu de ces textures abstraites, une note. Pure. Comme pour donner l’échelle, la profondeur de champ et la mesure d’un univers sans concession mais dont la beauté est omniprésente. Il faut certes perdre quelques a priori sur ce que c’est que « jouer du piano » et accepter que le clavier n’en soit qu’une partie émergée. Ce n’est pas si compliqué et une fois ce petit effort accompli, le monde qui s’ouvre est sidérant. Les frottements de cordes, les résonances, les effleurements des étouffoirs, évoquent un paysage musical où le temps suit un déroulement bien singulier et où l’espace est rempli de sonorités inouïes. 

Adrien Chiquet

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